EnerJ-meeting 2017 : le secteur de la construction relève le défi de l’efficacité environnementale des bâtiments
Le 23 février au Palais Brongniart, la filière du bâtiment s’est réunie autour du sujet de la future réglementation construction neuve et de l’expérimentation E+C- lors de la première édition d’EnerJ-meeting, dont le Plan Bâtiment Durable est partenaire. Plus de 1500 professionnels ont pu s’y rencontrer et échanger sur le thème de l’efficacité énergétique et environnementale du bâtiment.

Le nombre de professionnels du bâtiment présents jeudi dès l’ouverture d’EnerJmeeting, et tout au long de la journée, ne laisse pas de place au doute : les acteurs de la construction veulent s’engager dans l’expérimentation du label Energie positive - réduction carbone (E+C-) et dans la préfiguration de la future réglementation environnementale des bâtiments.
Des conférences d’experts

L’objectif principal du salon était d’informer les professionnels présents sur la future réglementation 2020 et sur l’expérimentation E+C-. Philippe Pelletier, Président du Plan Bâtiment Durable, a fait de sa conférence introductive l’occasion de rappeler les ambitions de cette future réglementation et l’innovation de la méthode, celle de l’expérimentation par les acteurs. Il a mis en avant, devant une salle comble, l’importance de réussir cette phase d’expérimentation, pour créer une véritable dynamique à l’échelle du secteur, à la fois en suscitant le plus grand nombre de projets, mais également en laissant le temps aux retours d’expériences. En effet, disposer des retours d’expérience les plus utiles et pertinents possibles sera selon lui le meilleur moyen de mettre au jour une réglementation environnementale des bâtiments neufs ambitieuse et efficace.
Alain Maugard, co-pilote du groupe de travail RBR 2020-2050 du Plan Bâtiment Durable, est ensuite intervenu pour encourager les professionnels à se lancer dans l’expérimentation E+C- dès aujourd’hui, en soulignant l’avantage compétitif dont ils bénéficieront lorsque la réglementation entrera en vigueur. Puis Jean-Christophe Visier, Directeur Energie et Environnement du CSTB, a présenté en détail E+C-, en mettant l’accent sur l’importance de penser le cycle de vie des bâtiments et en soulignant l’existence d’une grande variété de solutions disponibles pour les constructeurs qui veulent diminuer l’empreinte carbone de leurs ouvrages.
L’expérimentation E+C-L’expérimentation E+C- et le label qui en découle ont pour objectif de valoriser et de certifier « le respect des bonnes pratiques énergétiques et environnementales. Composé d’un critère « Energie » et d’un critère « Carbone », il permettra au maître d’ouvrage de choisir la combinaison adéquate en fonction des spécificités du territoire, des typologies de bâtiments, et des coûts induits. »Le référentiel Energie-Carbone, qui propose quatre niveaux de performance pour l’Energie, et deux pour le Carbone, et l’expérimentation valorise donc les démarches de tous acteurs du bâtiment qui souhaitent aller vers des bâtiments bas carbone et à énergie positive.
Une journée de partage de visions et d’expériences
Tout le reste de la matinée a été l’occasion de discuter des sujets au cœur de la future réglementation, grâce à des tables rondes et des conférences sur le bâtiment à énergie positive, la mise en oeuvre concrète du label E+C-, le bien-être et la santé des usagers des bâtiments, ou encore la limitation des émissions de CO2 durant tout le cycle de vie du bâtiment.
Nicolas Doré, chef de service bâtiment de l’ADEME, a encouragé les acteurs de la construction à se lancer dans l’expérimentation : « le message que nous voulons faire passer, c’est n’attendez pas la mise en place de la nouvelle réglementation environnementale (…). L’objectif est d’être prêt le jour où elle sera obligatoire. Être acteur, c’est faire évoluer la réglementation. » Et d’annoncer l’OBEC, le nouveau programme d’aide au financement par l’ADEME : celui-ci permettra aux projets se lançant dans l’expérimentation E+C- de voir leurs frais d’études cofinancés par les agences régionales de l’ADEME au travers d’Appels à Projets, en échange d’un enrichissement de la base de données nationale qui aidera à la définition de la future réglementation.
Si tout au long de la journée plus de cinquante exposants et vingt start-up ont témoigné du dynamisme de la filière face à ces évolutions, les conférences de l’après-midi ont quant à elles été dédiées aux retours d’expériences. Les participants ont ainsi bénéficié des enseignements et apprentissages de cinq projets concrets :
- la construction grande hauteur en bois de la tour de logements Hypérion à Bordeaux imaginée par Jean-Paul Viguier,
- la réalisation de bureaux à énergie positive Green Office par Bouygues Immobilier,
- la présentation de mesures et de l’analyse du cycle de vie (ACV) de logements collectifs préfigurant le label E+C- par le BET Enertech
- la démarche du Groupe SNI de développer la performance environnementale de son parc immobilier avec la cotation SNI EVE
- et le retour d’expérience d’André Pouget de Pouget Consultants, bureau d’étude thermique et fluide engagé dans le bâtiment durable
Après une table-ronde finale, Alain Maugard a fait la synthèse de la journée, rappelant qu’il existe de multiples solutions à la disposition des professionnels du bâtiment et de la construction, faisant de la nouvelle réglementation une belle opportunité pour les acteurs innovants.
Des innovations primées
En guise de cérémonie de clôture, deux start-up se sont vues récompensées par EnerJ-meeting. Syrthea, une plateforme de conception pour la réalisation industrielle de panneaux d’isolation thermique, a obtenu le prix mention spéciale du jury des mains d’Alain Maugard. La ministre du Logement et de l’Habitat Durable, Emmanuelle Cosse, a quant à elle remis à Openergy le Trophée Start-Up Construction 2020-2050 pour sa plateforme innovante dédiée à la garantie de performance énergétique des bâtiments.

La ministre a ensuite mis fin à la journée en félicitant la filière pour son engagement et la mobilisation de ses acteurs dans l’expérimentation E+C- : « Nous sommes à une étape clé, qui semble réussie, notamment grâce à vous, qui avez accepté de rentrer dans le jeu de l’efficacité énergétique et d’aller confronter vos idées, vos projets, vos constructions à cette future réglementation. » Elle a ainsi souligné la démarche de co-construction qui est au coeur de l’expérimentation, et qui donnera selon elle toute sa légitimité à la future réglementation 2020.
Si cette première édition s’est concentrée sur la question de la performance environnementale des constructions neuves, les organisateurs n’ont pas manqué de faire savoir tout au long de la journée, que la performance environnementale des bâtiments existants serait au cœur du salon EnerJ-meeting 2018. Rendez-vous donc l’année prochaine !
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